Hello,
Premier épisode de cette Newsletter, j’ai décidé d’aborder la thématique du poids. Étant dans une petite préparation trail de 50km dans le Marin County au nord de San Francisco prévu fin Novembre, j’ai activé “la sèche” pour limiter le gras que je devrais emmener dans le dénivelé. Mais aujourd’hui, je vais surtout discuter d’obésité. Un des maux du siècle. Mais surtout une des pathologies qui fait le plus parler depuis le buzz des agonistes GLP-1 pour la perte de poids.
Diminution du taux d’obésité aux USA ?
Le CDC (Center for Disease), l’institut américain de statistique de la santé a publié, en septembre 2024, ses dernières données sur l’obésité aux USA. Cet institut reste une source de référence dans le domaine de la santé publique, et globalement fait des enquêtes régulières pour évaluer la prévalence et l’incidence de pathologies sur le territoire américain.
Avant toute chose, un petit point de rappel. On définit l’obésité selon l’indice de masse corporelle (IMC). Le terme d’obésité est attribué lorsque l’IMC est supérieur à 30.
Comment interpréter l'IMC ?
Si l’IMC est :
entre 25,0 et 29,9 kg/m², il existe un surpoids ;
entre 30,0 et 34,9 kg/m², il s’agit d’obésité “modérée” ;
entre 35,0 et 39,9 kg/m², il s’agit d’une obésité “sévère” ;
plus de 40 kg/m², on parle d’obésité “massive” ou “morbide”.
Différents calculateurs existent sur internet, et vous pouvez en trouver un sur le site ameli au besoin.
Même si l’IMC a certaines limites (ne différencie pas la part de masse grasse de celle de la masse maigre, et ne permet pas d’évaluer la distribution du tissu adipeux), ça reste une mesure globalement fiable et très généralisable.
Quoi qu’il en soit, les conséquences de l’obésité sont multiples et impactantes. L’idée n’est pas de faire une liste exhaustive, mais l’obésité est associée à la survenue de ces diverses pathologies :
diabète via l’insulino-résistance dans le cadre du syndrome métabolique ;
maladie cardiovasculaire : hypertension artérielle, athérosclérose (inflammation chronique des artères), maladies coronariennes ;
apnée du sommeil ;
stéatose hépatique (“le foie gras”) ;
reflux gastrooesophagien ;
arthrose ;
association avec plusieurs cancers (côlon, endomètre, sein, ovaires, prostate, foie, rein, vésicule biliaire, foie) ;
repli sur soi ou même dépression.
Bref, pour revenir à ce rapport du CDC, que nous apprend-il concernant l’obésité ?
Pendant 2021-2023, la prévalence de l’obésité chez les adultes était de 40,3%, sans différence de taux entre les hommes et les femmes, et qui touchait particulièrement la tranche d’âge 40-59 ans.
Cette prévalence était plus faible chez les adultes diplômés.
La prévalence de l’obésité sévère (définie ici par un IMC>40) était de 9,4%; et plus importante chez les femmes (11,5%) que chez les hommes (6,9%) dans chaque tranche d’âge
Et que de 2013 à 2023, il n’y a pas eu de changement significatif de la prévalence de l’obésité globale, mais bien une augmentation temporelle significative pour l’obésité sévère.
Intéressant, mais pourquoi on s’attarde dessus ?
Ces résultats font un peu parler aux USA, car même s’il n’y a pas de différence significative sur l’évolution du taux d’obésité, il existe bel et bien une diminution numérique du taux global d’adultes obèses, passant de 41.9% d'adultes obèses (données 2017-2019) à 40.3% d’adultes obèses (2021-2023).
L’hypothèse principale est que cela pourrait être simplement provoquée par la fluctuation d’échantillonnage de l’enquête (la part d’incertitude de l’enquête qui n’est constituée que d’environ 6000 personnes). . Mais plusieurs voix s’élèvent pour souligner que ça pourrait être les premiers effets des agonistes GLP-1 sur la population américaine entière ! Car oui, les effets ne sont pour le moment retrouvés que dans les études randomisées.
Un petit rappel sur les agonistes GLP-1 💉
Les agonistes du Glucagon-Like Peptide 1 (#GLP1) imitent l’action de l’hormone intestinale GLP-1. Lorsque le taux de glucose (sucre) dans le sang augmente, ils stimulent la production de l’hormone insuline, bloquent la libération de glucagon, ralentissent la vidange de l’estomac et augmentent le sentiment de satiété.
Permettant de lutter contre les hyperglycémies, les GLP-1 étaient initialement destinés au diabète de type 2. Mais les effets retrouvés sur la perte de poids dans la population des patients diabétiques laissés espérer un impact chez les patients en surpoids non-diabétiques. En 2021, la première grosse étude publiée dans le New England Journal of Medicine confirme une perte de -14.9% de poids dans la population des patients sous sémaglutide (GLP-1) versus -2.4% pour le placebo. Alors qu’en 2017, le semaglutide (Ozempic®) avait été approuvé par la FDA pour le traitement du diabète de type 2, son utilisation est approuvée en 2021 pour la perte de poids sous le nom de Wegovy®. Depuis, d’autres traitements GLP-1 ont vu le jour avec par exemple le tirzépatide (Mounjaro®)
Au-delà de l’effet majeur sur la perte de poids (-15 à -20% de perte de poids), d’autres effets bénéfiques leur sont attribués dans les études les plus récentes : réduction du risque de maladie cardiovasculaire permettant une réduction de la mortalité, ralentissement de la démence, traitement de la dépendance ou même du syndrome des ovaires polykystiques. Et depuis ce mois-ci, l’utilisation des GLP-1 sont recommandés par une association d’expert (American Heart Association/American Stroke Association) dans une autre indication que le diabète ou la perte de poids : pour prévenir la survenue d’AVC (chez les patients diabétiques et les non-diabétiques à risque cardio-vasculaire élevé). Un tournant qui va participer à diffuser d’autant plus l’utilisation des GLP-1.
Concernant les effets secondaires, ils sont relativement bien tolérés à court terme : quelques symptômes gastro-intestinaux, quelques rares cas de pancréatites. Il reste cependant une zone d’ombre sur les effets secondaires à long terme, avec notamment une surveillance particulière autour d’un risque de développement de tumeurs endocrines.
Quoi qu’il en soit, vous comprenez rapidement que depuis ces premiers résultats, la demande explose : les prescriptions font x4 aux États-Unis au cours des trois dernières années, représentant désormais 5 % de toutes les ordonnances américaines. Les listes d’attente pour ces traitements ne cessent de s’allonger. Fin 2023, 3 % des Américains étaient sous GLP-1 avec 9 millions de prescriptions rédigées.
En parallèle, les capitalisations boursières décollent : Eli Lilly est devenue la société pharmaceutique la plus valorisée au monde, et Novo Nordisk est celle la plus valorisée en Europe. Les investissements sont majeurs, avec 9 milliards de dollars investis récemment par Eli Lilly pour le Tirzepatide et 11 milliards par Novo Nordisk.
Et il y a une vraie question de phénomène sociétal qui se pose : l’obésité mondiale coûte environ 2000 milliards de dollars (soins de santé, la mortalité prématurée et la perte de productivité). Il est difficile d’anticiper les effets à long terme de l’utilisation large des GLP-1 dans la population générale, mais par exemple, les compagnies aériennes économiseraient du kérosène (80 millions de $/an d’économie à United avec une réduction de 5kg du poids moyen de leurs passagers).
En reprenant notre graphique d’évolution du taux d’obésité aux USA, il est licite de se poser la question d’un début d’impact des GLP-1 sur la population américaine globale. L’inflexion de la courbe débute en 2021, date de l’accord de l’utilisation des GLP-1 pour la perte de poids par la FDA.
Et comme on l’a vu l’impact des agonistes GLP-1 est déjà envisageable : ces molécules permettent la réduction de 15-20% du poids et elles étaient déjà prescrites à 3% de la population américaine fin 2023. Donc, ils permettraient de faire passer une part non négligeable de la population américaine sous le seuil d’obésité.
Les problèmes de cette hypothèse
Premier point : Association n’est pas causalité …
Et des associations entre phénomènes temporelles, on peut en voir beaucoup, mais peu sont réellement des phénomènes causaux.
Le Monde en avait même fait un article, où il propose un générateur d’associations farfelues. Ici un exemple de l’association entre la vente de cigarettes en France et les nouveaux-nés prénommés “Kévin”…
Bref, c’est probablement le point le plus important, nous empêchant de conclure pour le moment sur l’existence d’une vraie tendance de fond.
Autre point problématique : l’augmentation pour l’obésité sévère
Alors que les données sur le taux global d’obésité sont à la baisse, celles sur le taux d’obésité sévère restent à la hausse, remettant partiellement en cause l’hypothèse de l’impact des agonistes GLP-1.
Il n’est pas exclu que l’effet des GLP-1 soit plus lent dans cette population. Il n’est pas non-plus exclus que le bénéfice sur la mortalité touche surtout cette population aboutissant à réduire la sur-mortalité chez les personnes avec une obésité sévère. Ainsi, on pourrait être dans une phase de transition avec des personnes survivant grâce aux GLP-1 et qui ne sont pas encore passés dans la zone d’obésité modéré.
Au final, les effets concernant l’impact des GLP-1 sur la réduction du taux d’obésité aux U.S.A ne pourront être confirmé que dans plusieurs mois/années !
Au passage, que dire de l’obésité en France ?
Les dernière données remontent à l’enquête nationale Obépi-Roche de 2020.
Commençons par le point positif, en France, le phénomène de l’obésité est moins pire qu’aux USA.

Mais il reste cependant très prévalent. En 2020, 47% de la population sont en surcharge pondérale (30% de personnes adultes avec un surpoids et 17% de personnes obèses). Et malheureusement, l’évolution est aussi à la hausse.
Le Wegovy® n’est autorisé en France que depuis 2024. Verrons-nous aussi un possible impact des GLP-1 sur la population française ?
Et sinon, What’s up en santé dans le monde ?
Cette partie vise à présenter une ou plusieurs actualités “santé” que je vous sélectionne.
Mauvais timing pour Trump chez McDonald’s
Donald Trump a fait un coup de communication chez McDonald’s cette semaine pour se moquer de Kamala qui aurait travaillé dans la franchise fast food.
Mauvais timing car en même temps, les différents organismes de santé américains enquêtent sur une épidémie d'infections alimentaire à E. coli O157:H7 (bactérie pouvant entrainer un syndrome hémolytique et urémique) qui proviendrait de chez McDonald’s… En effet, la plupart des personnes concernées par cette épidémie ont déclaré avoir mangé le hamburger Quarter Pounder de McDonald's avant de tomber malades. On ne sait pas encore quel ingrédient alimentaire spécifique est contaminé, mais il s’agirait probablement des oignons émincés ou des steaks de boeuf. A l’heure actuelle, il s’agit d’au moins 75 cas (22 hospitalisés et 1 décès).
Le syndrome hémolytique et urémique (SHU) survient principalement chez les jeunes enfants et les personnes âgées. Il constitue une complication grave d’un épisode de diarrhée évoluant vers une anémie hémolytique, une thrombopénie (baisse des plaquettes) et une insuffisance rénale aiguë. Le tout pouvant entrainer des décès. L’agent responsable est typiquement la bactérie E.coli avec le stéréotype O157:H7, produisant une shigatoxine à l’origine du syndrome.
Mauvais timing …
🙏 Je vous remercie d’avoir pris le temps de me lire.
Portez vous bien et surveillez votre IMC !
Max
Et n’hésitez pas à faire suivre cette édition directement par mail, aux personnes qui pourraient être intéressées par À la source. 🫶
Qu'en est-il de l'observance du traitement GLP chez les patients en obésité sévère? .....